Témoignages

RENCONTRE AVEC LE PÈRE PIOTR WILK

Lors de la rentrée pastorale des équipes paroissiales à Thaon Cap avenir,  le diocèse a présenté dans une vidéo 12 témoignages de prêtres vosgiens.  Tous beaux, émouvants et  variés. On m’a soufflé de faire la même chose avec notre prêtre

Père Piotr vous êtes curé de notre paroisse depuis 2008. Vous êtes polonais et vous exercez votre ministère en France ? Pourquoi ?

Ce n’est pas exactement cela.  Depuis longtemps Je venais faire du ski dans les Vosges durant les vacances. Il y a eu une rencontre de prêtres. C’est Paul Marie Guilllaume (ancien évêque de Saint-Dié) qui m’a appelé à servir l’Église de France.

Depuis quand pensez à la vocation de prêtre ? Votre cheminement et votre formation, votre parcours avant de venir en France ?

Depuis l’âge de 6 ans le jour de ma première communion. Un vieux prêtre polonais que j’aidais à descendre les marches de l’église  m’a dit : « Tu vas me remplacer ».  J’ai fait toutes mes études à l’université et  au séminaire et j’ai étudié, entre autres la  théologie bien sûr mais aussi la sociologie.  J’’ai songé aussi à être médecin.  J’ai fait ensuite tout un cheminement.

Vous êtes ordonné depuis quelle date ? Quelle est votre devise ?

Depuis le 13 mai 1989 à Katowice en Pologne avec 72 autres prêtres. Ma devise tirée de l’Évangile de Mathieu au chapitre 14 verset 28 : (tempête apaisée)
Pierre prenant la parole: " Seigneur, dit-il, si c'est vous, ordonnez que j'aille à vous sur les eaux. "Cela c’est ma devise d’ordination.  Ma devise pastorale : Il suffit de si peu de chose: un sourire peut-être... une parole d'amitié...

La situation de l’Église en Pologne est très différente de la réalité  ecclésiale française:

En France il y a une mutation depuis Mai 68 et le concile Vatican II. En Pologne avec la chute du rideau de fer l’Église a donné un espace de liberté. Je suis d’une culture où les choses ne sont pas  séparées. La laïcité sépare même si elle nous demande le respect. À nous chrétiens de faire des ponts avec le monde, la société.

Vous sifflez, vous chantonnez sans cesse. Vous avez une foi joyeuse. Quel en est le secret ?

Je suis comme un enfant. Je suis confiant.  Je crois en l’autre. La Révélation de Dieu passe par les autres. Ce sont les autres qui m’évangélisent. Comme dans le sport, pour croire, j’ai besoin des autres, ils me motivent et je les motive.

Vous venez d’être nommé administrateur  de la paroisse Frédéric Ozanam au Thillot et de Saint-Etienne des Rupts des  à Rupt.  La charge est importante ; rien qu’au niveau distance, entre Julienrupt La Forge et Bussang presque 50 kilomètres.

Cela ne m’a pas affolé.  Je suis d’un naturel optimiste. Quand c’est difficile je ne me dis pas «  je n’arriverai pas » mais plutôt « qu’est-ce qu’on peut faire pour que cela marche ? » Il n’en demeure pas moins qu’il y a un problème dans l’Église, on manque de vision, de stratégie aussi. On est souvent sur la défensive. Il manque aussi de grands penseurs chrétiens.

Quel est votre péché mignon ?

J’aime beaucoup le café et la convivialité qui va avec. Je ne sais pas non plus résister à l’appel de la neige. Si elle tombe, mes paroissiens ne me voient plus ou alors qu’ils viennent me voir sur les pistes.

Quelle est votre joie d’être prêtre. Qu’est-ce qui vous semble important dans votre ministère ?

Au travers de mon humanité, malgré mes limites et mes faiblesses  je peux témoigner de la présence du Christ et je suis émerveillé sans cesse. Le Seigneur me surprend toujours. Ma vocation c’est toujours nouveau.

Quel sens donnez-vous à votre célibat ?

Le célibat je veux le relier à la paternité. Le prêtre n’est pas un vieux garçon. Mon célibat me permet de vivre mon humanité en étant Père et frère de tous.

Les prêtres ne sont pas des surhommes. Avez-vous des inquiétudes ? parfois un sentiment d’échec. ?
J’ai besoin des autres pour ne pas m’enfermer. Je marginalise les choses négatives. Et puis j’aime beaucoup ce qui suit : (Tiré du livre de Pierre Marie Zanotti Sorkine prêtre dans son livre Au diable la tiédeur)
« Quand tu manques d’élan, écoute Strauss, le père et le fils,
Quand tu manques de flamme, écoute Brahms ou Dvorak.
Quand tu manques de joie écoute Offenbach ou Satie
Et quand tu manques d’amour et bon sens ; écoute Piaf »

Qu’attendez-vous des chrétiens laïcs ?

Croire que nous sommes tous appelés. La vocation c’est pour tous. Nous sommes comme les pèlerins d’Emmaüs. Nous avons un beau chemin à faire ensemble.

Quel regard portez-vous sur la crise que traverse notre Église au sujet des actes pédophiles de certains prêtres et du silence qui a couvert ces crimes ?

Cela montre la fragilité, le péché de l’Église. Certains prêtres se servent de leur autorité pour abuser des plus faibles : les enfants et les jeunes. Actuellement la parole se libère et même si c’est très douloureux il  faut regarder le mal en face. Il faut regarder les victimes, réparer autant que faire se peut, mais aussi s’interroger sur le pourquoi. La conversion sera longue et difficile.

Le renouveau de l’Église cela passe par quoi d’après vous ?

L’Église est pécheresse mais en même temps elle est dépositaire de la foi. Il nous faut faire l’expérience de la confiance. Nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu,  faire preuve de plus d’humilité. Notre idéal : reconnaitre l’Amour que Dieu nous donne et essayer d’en vivre.

(Recueilli par Maïté)
 


À la lumière de Pâques, des personnalités de tous horizons acceptent de témoigner de leur foi. Florilège.

NELSON MONFORT,
Journaliste sportif *
Je crois en la Résurrectio
n.

Je regrette que Pâques soit beaucoup moins fêté que Noël. Je crois, en effet, à la Résurrection. Jésus a sauvé le monde en montant sur la Croix et il donne rendez-vous à tous ceux qui vont le rejoindre. Je suis protestant par mon père qui était américain, mais je ne pratique pas. Au quotidien, j’essaie d’être
fidèle au protestantisme par une certaine éthique, une honnêteté, une tolérance et, surtout, par une qualité d’écoute. Avec l’âge, je me sens de plus en plus protestant. Je me suis, par exemple, plongé spontanément dans les écrits de Luther. Le plus bel aspect du protestantisme réside, selon moi, dans
la musique de Jean-Sébastien Bach et de ses fils. J’éprouve une réelle paix à écouter ses cantates. Elles accompagnent ma vie spirituelle.
* Tournois de tennis de Monte-Carlo (18- 22 avril) et Roland-Garros (à partir du 27 mai) ;
championnats d’Europe d’athlétisme et de natation (en août).

LAURENT VOULZY,
Guitariste et chanteur*
Chaque jour, je médite et je prie.

Dès que je peux je me glisse dans une cathédrale. Ces vaisseaux au milieu des villes me fascinent depuis l’adolescence. Pour moi qui suis en quête de ma foi, ces lieux sacrés sont des repères. Éduqué dans la religion catholique, membre du mouvement de jeunesse catholique des Cœurs vaillants Âmes vaillantes, je suis un terreau propice à cette quête depuis l’enfance. Je veux bien croire que Jésus, crucifié, soit réapparu vivant. Oui, parce que pour moi, rien n’est impossible. Pâques est une fête extrêmement importante dans le monde chrétien même si, pour le moment, elle ne me touche pas encore autant que Noël. Il me reste bien des difficultés à surmonter pour parvenir à formuler ce qui m’habite, mais j’ai la certitude qu’il y a quelque chose. J’ai constaté que les personnes ayant vécu des illuminations ne parviennent pas à appréhender Dieu par des mots. Elles ont choisi la poésie pour en parler, comme Thérèse d’Avila. Donner forme à Dieu me dépasse encore, mais si j’en crois un évêque, entendu sur Radio Notre-Dame, je ne suis pas le seul. Comment lui donner un visage, lui prêter intentions et sentiments ? Une nuit, dans un rêve, je me suis senti au bord de basculer dans une certitude de la foi. J’ai eu le sentiment que ma vie en serait bouleversée. Cela m’a terrifié. Mais je poursuis mon chemin. Chaque jour, je médite et je prie. Mes prières sont traditionnelles et très personnelles, je m’en suis inventé.
* Dernier album : Belem, Columbia, 15,99 €.

STEVEN GUNNELL,
Comédien et réalisateur*

L’histoire du fils prodigue : un uppercut spirituel !
Pendant ma jeunesse, il y a toujours eu en moi le principe de Dieu comme une évidence : il n’y avaitqu’à contempler la Création pour voir le Créateur ! Pourtant, ne connaissant pas Jésus, je me suis éloigné de la foi. Après trois ans de tourbillon médiatique en chantant pour le groupe Alliage, j’ai éprouvé une grande détresse. En 2001, ma mère m’a recommandé d’assister à la messe : ce fut pour moi une guérison psychologique, physique, morale. En écoutant la parabole du fils prodigue, j’ai pris un “uppercut spirituel”. Aujourd’hui, ma foi a évolué. Dieu, dans ma vie, ne se réduit pas au sentiment que j’ai de sa présence ou de son absence. Le catholicisme n’est pas tant une religion qu’une relation : croire, c’est aussi la possibilité de dire au Père que je Le cherche !
* Dernier film : www.gaspardsoldatdelamour.fr

MARTINE MARIE MULLER,
Romancière et enseignante, chroniqueuse à Pèlerin
Ma voiture est mon église.
Je crois au Dieu de mes pères, d’Abraham et de Jacob. Le Credo est une magnifique prière, qui résume toute la personnalité de Jésus est l’expression de l’Absolu et de la lumière. Ma mère était en révolte contre la “superstition idolâtre” et je tiens de mon père, qui est alsacien, ma foi en l’œcuménisme. J’ai été scout, cheftaine, et j’ai surtout été inscrite dans un collège mariste. La bonté des sœurs, leur ouverture d’esprit m’ont marquée à jamais alors que j’estimais avoir été très maltraitée, étant un peu rebelle, par le collège public de mon quartier. Je dis toujours que ce sont les maristes qui m’ont sauvée. Ce qui ne m’a pas empêchée de questionner la foi et l’enseignement religieux à l’adolescence. Prier m’est naturel. J’entre dans toutes les églises, même vides, et je suis exaspérée quand je les trouve fermées. Mais je suis aussi une grande adepte de la “prière dans les embouteillages”. Ma voiture est mon église. En semaine, je peux aller à la messe du lycée où j’enseigne. La foi et sa culture font partie intégrante de ma vie. J’ai fait de même avec mes enfants, avec plus ou moins de succès. Ce qu’il y a de meilleur en eux, c’est qu’ils sont totalement immunisés contre la haine, le fanatisme et l’intolérance. Mais ils se moquent gentiment de moi quand je leur dis que le plus beau texte au monde est le Sermon sur la montagne avec les Béatitudes (Matthieu 5, 3-12).
* Dernier ouvrage : La saga des bécasseaux, Éd. Presses de la Cité, 464 p.; 20 €.

ROLAND GIRAUD,
Acteur de théâtre et de cinéma
Mon rempart contre l’idolâtrie.
Né sans éducation Chrétienne – père laïc, mère catholique ‘‘tiède’’ –, j’ai découvert la foi grâce à un prêtre, lors de mon service militaire en Algérie. Mais c’est surtout ma femme, profondément calviniste, qui m’a ouvert au protestantisme. Peu après notre mariage au temple, j’ai été baptisé. Depuis, le culte hebdomadaire, les prières aux repas, la Bible et la lecture de pensées chrétiennes irriguent toute notre vie. Malgré la grande épreuve que fut la perte de notre fille, j’estime avoir été gâté par le très-haut – celui qui sait et peut tout –, car il m’a permis d’être comédien alors que rien ne m’y prédestinait. Je le remercie
infiniment pour cela. Mais dans ce métier, les tentations du Veau d’or surabondent : plaire, paraître, s’enrichir... La foi est mon rempart contre l’idolâtrie.

 

ANNE-DAUPHINE JULLIAND,
Romancière et réalisatrice*
La foi n’est ni un baume au cœur ni un médicament.

Ma foi ne s’enracine pas dans les grandes épreuves de ma vie. Devenue jeune adulte, j’ai un jour fait mienne cette foi proposée par mes parents quand j’étais petite fille. Je l’ai acceptée, modelée. Je n’ai aucun complexe à parler de cette source de bonheur, de sérénité. La maladie de mes filles a marqué un tournant dans ma foi. Les épreuves nous éprouvent, au sens littéral du terme. Elles nous poussent à nous interroger sur ce que nous croyons, pensons et sentons. Cela a réorienté ma foi, laquelle m’a apporté de la paix. Bien sûr, elle n’a pas empêché la souffrance. La foi n’est ni un baume au cœur ni un médicament. Durant cette période, j’ai surtout compris que je ne serai jamais seule, que j’étais aimée de Dieu, qu’il m’accompagnait et que ma réponse positive à sa présence était un oui sans cesse répété. Cette dimension d’amour a tout changé pour moi. Je crois aussi en la Résurrection, au-delà de son mystère. J’en suis convaincue sans pour autant la concevoir comme un secours pour moi qui ai perdu mes deux filles. D’ailleurs, il me semble que la foi nous invite à dépasser l’échelle humaine. Croire en la résurrection de Jésus n’est pas une façon d’adoucir ma peine. J’y crois d’autant plus que je suis attachée à Marie, qui pleure au pied de la Croix, effondrée comme toute mère perdant son enfant, même si son fils va ressusciter. Elle pleure de toute son humanité. Et elle nous invite à avoir une vie très ancrée dans la nôtre, les pieds bien sur terre et le regard au ciel.
* Et les mistrals gagnants (DVD)

 


 

Droit devant d'Alain Grégoire de Cleurie

Cette photo te ressemble Alain. « Droit devant  comme tu es » dit un commentaire de tes amis Facebook. Tu es d’accord avec cette remarque ?

Si tu le dis !

Tu as repris le travail en septembre 2017 alors que le 20 janvier 2016 tu as eu un grave accident de la route avec de multiples fractures sur les membres inférieurs.  Pronostic vital engagé. Que de chemin parcouru !

« Oui j’ai fait du chemin depuis cet accident : du 21 janvier au 15 février en réanimation puis jusqu’au 15 mars en chirurgie orthopédique puis enfin au centre de rééducation de Golbey jusqu’au 27 juillet 2016 » Parcours du combattant : tu as subi 27 anesthésies, de multiples opérations, des greffes, les reins bloqués, des infections et j’en passe, Combien d’heures à regarder le plafond, à essayer d’apercevoir le paysage par la fenêtre de l’hôpital et entrevoir peut-être un arbre. . Le 24 janvier 4 jours après ton accident tu te lances un défi : dans un an je cours ! Et le 6 septembre 2017 tu reprends le travail avec un véhicule adapté après avoir repassé un permis. Chapeau !

J’ai toujours été frappée par ton mental d’acier, ta force de caractère  mais n’as-tu pas connu des moments de découragement ?

Si une quinzaine de jours sur ma convalescence. Du stress un peu en changeant de lieu.
Lors d’une visite à Golbey ton sourire et ta joie m’ont impressionnée.  Alain souriant,  blaguant l maniant son fauteuil  avec virtuosité. Eh rangez-vous jolies infirmières c’est Alain qui passe !   Le Don Juan de ces dames ! « Pour guérir l’humour et la volonté de se battre sont essentiels. Dans le monde du handicap la « déconne » c’est vital »

Quel  le secret de cet allant, de cette volonté ? Qu’est-ce qui t’a aidé à avancer ?

« Je n’ai jamais pensé que je ne pourrai pas remarcher. Je n’allais pas rester dans un fauteuil. Blandine, mes gamins, ma famille, Éric, le SEIGNEUR, les amis de Coup de pouce Burkina, ont été ma force. J’ai reçu des centaines de messages de soutien et d’encouragement, d’amitié. Cela aide énormément, on est porté ».

Et la prière ?
« J’en ai dit des Je vous salue Marie. Tous les jours je rends grâce à DIEU ! »

Les épreuves nous mûrissent, n’est-tu pas différent de ce que tu étais avant ton accident ?

« Si avant je travaillais comme un fou, maintenant c’est différent. Je relativise, je partage beaucoup plus et je reçois énormément. Blandine dit que j’ai davantage le souci des autres. Avant je ne savais pas qui j’étais vraiment. Je n’osais pas m’affirmer. Maintenant je suis bien là!»

Tu aimais le sport il y a des choses que tu ne peux plus faire maintenant. N’est-il pas difficile d’accepter ses limites ?

« Non  mais je découvre autre chose : j’ai envie de peindre, je fais du vélo, de la piscine, j’ai envie de voyager »
Qu’est-ce qui te fait te lever le matin ?

La vie est belle ! Malgré le temps morose, maussade, grisâtre, j’ai juste envie de la croquer.
Je suis un homme heureux !

 

 

 

 

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