Commentaires spirituels en fonction du temps liturgique

HOMÉLIE DE LA MESSE DU 29 JUILLET 2018 À L’ABBATIALE SAINT-PHILIBERT À TOURNUS
Frères et sœurs,
Amis en Christ,

Ces dernières semaines, les blés dorés au soleil, ondulaient joliment sous la caresse du vent. Ils s’apprêtaient à être moissonnés pour nous procurer notre pain quotidien. Ils ont inspiré ma réflexion de ce jour. Permettez-moi de vous offrir trois épis de blé, glanés dans l’Évangile que nous venons d’entendre.

Le premier épi cueilli, je l’appelle « humour ». Cela convient bien à cette période de vacances, temps propice au repos, aux découvertes, aux rencontres.

Vous avez sans doute remarqué, comment Jésus se montre taquin avec Philippe. Il met dans l’embarras le brave apôtre, chargé de l’intendance : « Où pourrions-nous acheter du pain pour que cette foule ait de quoi manger ? ».

Jésus, imaginant la tête qu’il allait faire, avait déjà son idée.

Philippe marche à fond. En langage d’aujourd’hui : « Il nous faudrait pas moins de dix mille euros, pour que chacun ait un morceau de pain.  Impossible ! »

Oui, frères et sœurs, la taquinerie fait partie de l’amitié, elle est le reflet merveilleux de la simplicité des relations de Jésus avec ses apôtres.

Soignez entre vous l’épi de « l’humour » et si un ami vous met quelquefois en « boîte », sachez en rire. Il n’y a de sa part aucun désir de se moquer ou de vous humilier.

Le deuxième épi, appelons-le « partage ». André a repéré un jeune garçon avec son sac à dos. Il avait emmené son pique-nique : cinq petites galettes et deux poissons grillés, que sa maman lui avait sans doute préparés pour l’excursion. Séduit par Jésus, il est prêt à les donner. Ce garçon ne calcule pas comme les grandes personnes, il a généreusement offert son en-cas.

Quelle leçon pour les retraités ! Jésus accueille le « pas grand-chose » de ce garçon et remercie Dieu, de ce peu. Jésus agit lorsque l’homme donne sa part. Donner c’est multiplier. Il en reste pour les absents.

Frères et sœurs, je vous confie ce deuxième épi : « le partage ».

Le pain de la bonté, de la justice, de la paix, de l’accueil, s’il n’est pas partagé, se perd, durcit et moisit.

Et voici mon troisième épi, celui de « l’écologie », un épi cher à notre pape François. Quand Jésus donne, il donne toujours trop de tout. Il y a du rab ce jour-là. Mais Jésus n’aime pas le gaspillage : « Ramassez les morceaux pour que rien ne se perde ».

Cette recommandation interpelle notre société de consommation du tout jetable et nous invite à prendre soin de notre planète terre, qui nous porte et nous nourrit. Que d’aliments jetés à la poubelle, dans nos pays riches, alors que les « Lazare » d’aujourd’hui mangeraient volontiers les miettes, qui tombent de nos assiettes d’enfants gâtés.

Avant de proposer à la foule une nourriture spirituelle, Jésus veut d’abord apaiser la faim et la soif des pauvres : pas de divinité sans humanité.

Frères et sœurs, accueillez donc mon troisième épi au nom d’« écologie »  ou d’énergie renouvelable, si vous préférez. Nul ne peut célébrer l’Eucharistie, s’il ne se laisse d’abord interpeller par le visage des pauvres, les préférés du Christ.

Frère, sœur, ami, prends soin des trois épis : l’humour, le partage et l’écologie. Noue-les ensemble avec le ruban de l’amour et offre cette gerbe à tes frères.

Puis coupe ton pain, partage le poisson et distribue-les à plus malheureux que toi.

Tu auras un trésor dans le ciel.

Amen


 

HOMÉLIE DE LA MESSE DU 20 MAI 2018 (PENTECÔTE) À HENGELO (PAYS-BAS


Il arrive trop souvent que des gens qui parlent une même langue ne se comprennent finalement pas. Ils parlent certes les uns aux autres, mais communiquent à des niveaux différents. Ces personnes ne se comprennent pas, parce qu’il leur manque une attention réciproque.

En cette fête de la Pentecôte, nous avons entendu dans la première lecture que le Saint-Esprit donne aux disciples la capacité de se faire comprendre. Ils ont fait l’expérience d’être compris. La Parole de Dieu est désormais entendue par des personnes dont ils ne soupçonnaient pas la capacité de compréhension. Ainsi, non seulement la langue joue un rôle, mais aussi le contexte culturel. Les disciples se sont entendus et se sont compris par le Saint-Esprit, qui a placé en chacun d’eux cette capacité de comprendre l’amour de Christ. Quelle expérience cela a dû être pour les disciples !

Chaque baptisé, chaque enfant de Dieu, est porteur du Saint-Esprit. En chacun de nous, se trouve cette faculté de regarder au-delà des frontières. En nous, se trouve la capacité de faire véritablement cette expérience de l’Amour de Dieu, et de le partager aux autres. C’est une mission énorme, et un objectif qui n’est pas encore atteint aujourd’hui. Car, malgré le fait que nous avons une base commune en Jésus Christ, nous sommes encore trop souvent divisés : dans nos paroisses et nos communautés religieuses, dans tous les pays et à travers les continents. Notre compréhension de l’autre —pourtant enracinée dans notre foi en Jésus Christ— est cependant obscurcie par nos propres intérêts, par nos choix politiques et souvent aussi par la peur.

La Pentecôte n’est-elle pas cette fête dans laquelle il nous est rappelé que les disciples de Jésus ont su surmonter leur peur ? Ils ont réalisé qu’aux yeux de Dieu, il n’est pas question d’ego, de « moi » ou de « toi », mais d’un « nous ». Le Saint-Esprit n’a-t’il pas donné aux disciples le pouvoir de franchir leurs propres murs et d’approcher les autres ouvertement, sur la simple base du commandement du Christ de nous aimer les uns les autres ?

Frères et sœurs, en cette période, nous commémorons de diverses manières, la fin d’une guerre qui a déchiré notre continent et causé une profonde misère. Il y a encore bien des divisions. Aujourd’hui, en tant que chrétiens animés par l’Esprit, puissions-nous travailler à combler les différences de langues et de cultures, construire des ponts entre nous et rechercher la force dans l’unité. Puissions-nous faire l’expérience maintenant d’être unis par l’Esprit, autour de la Table de l’Eucharistie ; d’être toutes et tous enfants de Dieu.

Et que la langue de l’amour de Dieu puisse résonner en nous pour toujours. Amen


Homélie Pentecôte

Chers frères et sœurs,

transmise par Eric Traoré du Père Pascal ZONON


Trois solennités rythment le temps de Pâques et nous font goûter les richesses du mystère fondamentale de notre foi : la résurrection du Christ, son Ascension eu Ciel et la venue du Saint Esprit.


La solennité de Pentecôte que nous célébrons en ce jour conclut la longue période du temps pascal. Nous avons parcouru 7 semaines, c’est-à-dire 50 jours après la Pâques. Pour les anciens, 50 était le chiffre de la plénitude d’un temps et Pentecôte signifie justement 50è jour. Nous arrivons à  l’accomplissement du temps terrestre de Jésus et de ses apparitions et s’ouvre maintenant un nouveau temps : le temps de l’homme, de l’Eglise et de l’Esprit.


L’événement célébré dans la fête d’aujourd’hui n’est pas raconté dans l’évangile mais dans la première lecture tirée des Actes des Apôtres. Avant son ascension au ciel, Jésus invita ses disciples à rester ensemble pour se préparer adéquatement à recevoir le don de l’Esprit Saint. Avec Marie, ils se réunirent au cénacle et prièrent avec insistance dans l’attente de l’accomplissement de la promesse du Père. Luc dans sa description de ce grand événement met en relief trois faits :


- La venue de l’Esprit Saint sur les Apôtres réunis avec Marie, la Mère de Jésus
- La valeur que l’Esprit Saint donne aux Apôtres
- La compréhension universelle du message par les pèlerins de diverses langues.


Quant à l’évangile, il rappelle une fois de plus le premier jour de la semaine ou encore le jour de la résurrection du Seigneur. Les disciples sont réunis dans une maison avec les portes verrouillées par peur des Juifs. Mais voilà que Jésus arrive à l’improviste et leur offre trois dons : le don de la paix comme salutation, comme don gratuit et comme responsabilité ; le don de ses plaies qui signifie la certitude de sa victoire sur la mort et le don de son Esprit qui est l’Esprit de pardon. Ce sont ces dons qui font l’Eglise.


La mission de l’Eglise a ses origines dans l’événement de Pentecôte. Les rencontres de Jésus avec les Apôtres  et les disciples après sa résurrection étaient une préparation à la mission. Le même Esprit qui a accompagné la mission de Jésus, fut celui qui a aussi guidé les Apôtres dans leur mission et c’est le même Esprit qui continue à encourager et à animer la mission de l’Eglise et chacun de ses fils pour porter à son achèvement le mandat du Seigneur.


Frères et sœurs, l’Esprit Saint est certainement le plus beau fruit de Pâques. Sa descente sur les Apôtres et la Vierge Marie ouvre la porte à la dimension missionnaire de l’Eglise et au témoignage de la foi chrétienne aux quatre points du monde. C’est lui qui donne la force de vivre chrétiennement. La fête de Pentecôte exprime la vérité que Dieu habite désormais en nous. Dieu se fait don. Grâce à l’Esprit Saint,  Dieu se fait proche, demeure en nous et nous donne la vie. Cet Esprit nous pousse à briser nos peurs et à dépasser désormais nos égoïsmes, notre haine, notre égocentrisme pour aller à la rencontre de tous sans exception. Cet Esprit brise les frontières en faisant de nous des missionnaires du pardon, de la paix, de la fraternité, de la charité… Cette mission commence en famille, avec les proches, les collègues et se répand petit à petit autour de nous.


L’Esprit Saint est Seigneur et donne la vie. Qu’il nous guide, nous illumine et nous soutienne avec ses 7 dons : sagesse, intelligence, conseil, force, science, piété et crainte de Dieu !


Bonne et heureuse fête de Pentecôte !


Homélie du Jeudi-Saint

Homélie du Vendredi-Saint 2018

Homélie de la Vigile Pascale

 


 

Homélie du 3e dimanche de l'Avent

Troisième dimanche de l’Avent – Année B
Dimanche 17 Décembre 2017
Textes liturgiques : Is 61, 1-2a. 10-11 ; 1Th 5, 16-24 ; Jn 1, 6- 8. 19-28

 
Homélie
« Réjouissez-vous dans le Seigneur, réjouissez-vous car il est proche ». Oui frères et sœurs telle est l’antienne d’ouverture de ce troisième dimanche de l’Avent célébré traditionnellement comme le dimanche du « Gaudete », c’est-à-dire dimanche de la joie.
Noël pointe à l’horizon, ce n’est qu’une question de semaine, les boutiquiers et les couturiers sont beaucoup sollicités, les enfants ont déjà commencé à construire les crèches, pour tout dire le parfum de la fête de Noël se fait sentir et l’air de la joie commence à envahir nos cœurs et nos communautés chrétiennes. Au cœur de cette ambiance extérieure, la liturgie vient pour recadrer et diriger notre joie vers sa vraie source, comme Jean Baptiste qui détourne le regard des envoyés des pharisiens de son humble et modeste personne pour le diriger vers le Messie qui est là et qui vient.


Il faut être dans la joie, mais pas dans n’importe quelle joie ; il ne faut pas se tromper de la source et de l’auteur de la joie : c’est dans le Seigneur qu’il faut se réjouir.
Oui frères et sœurs, il nous faut reconnaître que les joies que nous éprouvons le plus souvent ne sont pas encrées dans le Seigneur mais elles sont au contraire centrées sur nous et c’est la raison pour laquelle d’ailleurs, elles ne durent pas. C’est conscient de cela que la prière d’ouverture de ce dimanche nous fait demander au Seigneur de diriger notre joie vers la joie du mystère de l’’incarnation du Fils de Dieu.Comme le peuple d’Israël sortant de l’exil à qui s’adresse le prophète Isaïe, ou le même peuple traversant une crise politique et religieuse aux jours de Jean Baptiste, nous avons tous connu plus ou moins des moments difficiles et tristes.
L’unique avantage de ces moments consiste en ce qu’ils nous apprennent sur qui nous pouvons compter, sur qui repose notre espoir, et qui peut nous apporter et nous garantir la joie. Les moments de faillite, d’indigence et de deuil nous apprennent que les biens ou les personnes sur qui nous fondons et en qui nous mettons notre joie, peuvent disparaître et notre joie avec. En cela Jean Baptiste, qui a suscité de l’engouement et de la ferveur spirituelle et en qui le peuple d’Israël a commencé à accorder du crédit et de l’admiration, a bien et vite fait de désillusionner son auditoire en disant haut et fort qu’il n’est pas celui qui peut satisfaire les attentes du peuple, ni le faire tressaillir de joie. Il ne peut et ne veut être le fondement de la joie pour personne, lui qui n’est qu’un homme de passage. Au milieu du peuple se tient celui qu’il ne connaît pas et qui pourtant seul peut garantir sa joie. La joie de l’homme vient de Dieu et l’homme ne trouve sa vraie joie nulle autre part ailleurs. La joie est certes un sentiment humain et naturel, mais elle n’est pas un produit de l’homme encore moins un produit des autres créatures de ce monde. Elle est un produit, un fruit de l’Esprit Saint.
Dans le livre d’Isaïe qui nous est proposé en première lecture, nous apprenons que la joie de l’homme est toujours l’œuvre de l’Esprit Saint. Le prophète donne le cas de sa propre joie et de celle des pauvres et malheureux auxquels il est envoyé. Après avoir souligné en premier que l’Esprit du Seigneur est sur lui, le prophète s’exclame ainsi : « je trésaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu… ». Il faut noter ensuite que la joie de la Bonne Nouvelle qui parvient aux pauvres, la joie qui guérit les cœurs brisés, et celle de la délivrance des prisonniers et captifs est également l’œuvre du Saint Esprit car c’est bien lui qui a envoyé Isaïe comme messager et transmetteur de la joie. Aussi ces derniers en accueillant le message de la Bonne Nouvelle reçoivent-ils l’Esprit et exultent-ils dans le Seigneur. Jean Baptiste à son tour va tressaillir de joie sous l’action de l’Esprit Saint dans le sein de sa maman Elisabeth, avant d’être la voix qui annonce la joie.  C’est sous l’action de l’Esprit Saint que le Seigneur Jésus lui-même va exulter de joie et proclamer les merveilles du Père en ces termes : « Père, je proclame ta louange car ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux touts petits ».

Bien, qu’il s’agisse du prophète Isaïe, de Jean Baptiste ou du Seigneur Jésus lui-même, chacun de ces personnages en exultant de joie sous l’action de l’Esprit Saint, se retrouve non seulement avec un message sur les lèvres, mais surtout avec une force pour répandre ce message de joie.
La joie que produit l’Esprit Saint consiste en définitive en la joie de la connaissance de Dieu, en la joie de la connaissance de la vérité sur Dieu et l’homme, connaissance que l’on ne peut garder pour soi mais qui est à partager.  L’apôtre Paul qui classe la joie dans la même catégorie que la prière et l’action de grâce, met en garde les chrétiens de Thessalonique contre une vie hors de la mouvance de l’Esprit Saint. Tant que les chrétiens vont se garder d’éteindre la lumière de l’Esprit qui leur a été donné, tant qu’ils vont rester fidèles à la vérité de l’enseignement des prophètes, ils seront toujours dans la joie et l’action de grâce.


Frères et sœurs, dire que la joie est un don de Dieu ne nous dispense pas de toute activité en faveur de la joie. En attendant justement notre joie qui vient du Seigneur, il faut savoir que le Seigneur attend également que nous apportions de la joie à son cœur. Dieu qui est témoin de nos injustices et méchancetés et qui se fait présent dans les pauvres, les malades, les exclus et ceux qui sont torturés et bafoués, est triste et attend que nous le reconnaissions, que nous le consolions et lui donnions le sourire.
En attendant la joie de Noel, nous devons accomplir ce que Dieu attend de nous. A la question qu’est-ce que Dieu attend concrètement de nous, l’apôtre Paul répond : - ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de tout ce qui porte la trace du mal -.


En attendant Noël et pour mieux accueillir la joie de Noël, il faut comme Jean Baptiste et à la suite de Jean Baptiste participer personnellement au combat de la lumière et comme le peuple d’Israël rechercher ensemble la solution à nos difficultés. La marche vers Noël est à la fois personnelle et communautaire.
L’appel à Noël est un appel personnel. Le fait que Jean est identifié et distingué par son nom, dans l’évangile symbolise l’appel et la mission particulière qui est confié à chaque membre du peuple de Dieu. Cet appel de Jean dans le passé et sa mission qui était de rendre témoignage à la lumière devient un appel au présent adressé aujourd’hui à chaque membre du peuple qui se prépare à la fête de la lumière qu’est Noël.  C’est chacun de nous qui doit mériter le beau et noble nom chrétien en participer personnellement au combat de la lumière et de la vérité. Participer au combat de la lumière et de la vérité, c’est tout d’abord faire la lumière et la vérité sur sa propre personne et sa propre vie. Ainsi nous l’enseigne Jean Baptiste en refusant les titres flatteurs et alléchants que le peuple lui a donné pour occuper sa place d’humble serviteur et précurseur du Messie, en refusant le nom d’Elie, du grand prophète et de Christ que veut bien lui donner le monde pour s’en tenir et se complaire dans le nom que Dieu lui a donné : « je suis la voix qui crie à travers le désert : aplanissez le chemin du Seigneur », comme a dit le prophète Isaïe. Participer au combat de la lumière, c’est savoir s’effacer pour que paraisse la lumière et que resplendisse la vérité. Jean est un bon entraîneur dans ce domaine lorsque répondant aux envoyés des pharisiens il dit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de défaire la courroie de sa sandale ». Participer au combat de la lumière et de la vérité, c’est reconnaître et accepter sa propre et vraie identité, mais aussi reconnaître et respecter la présence et l’identité de l’autre, que cet autre soit le prochain ou Dieu lui-même. On ne marche plus dans la lumière, lorsque l’on refuse de voir et d’accepter l’autre telle qu’il est et on est loin de la vérité quand on néglige la présence et la collaboration de l’autre avec qui nous sommes tenus de marcher.
Si l’appel à la rencontre de Dieu à Noël est personnel, la marche vers Noël, elle est communautaire. Chemin faisant, c’est ensemble qu’il faut faire face aux difficultés et épreuves de la marche et rechercher ensemble les solutions adéquates. Dieu qui se fait solidaire des hommes en devenant l’un d’eux ne veut pas un accueil en rang dispersé.


Dieu veut être accueilli en famille et en communauté. Jean Baptiste ne va pas seul à la rencontre du Messie. Il donne un coup de main à ses compatriotes, œuvre pour ramener les cœurs des fils vers ceux des pères, organise des rites de purification communautaires pour que Dieu soit tout en tous. Noël sera un joyeux noël pour nous, si nous portons tous nos frères et sœurs dans notre cœur. Inutile serait de fêter noël et de souhaiter joyeux noël par-ci et par là, si toutefois nous ne sommes pas préoccupés par la misère matérielle ou spirituelle de nos proches, si nous ne luttons pas pour l’amélioration des conditions de vie et le bien-être de tous.
Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers et qu’il garde parfaits et sans reproche votre esprit, votre âme et votre corps, pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen !
Abbé Simon Évariste KI


Les chemins vers Noël nécessitent un déplacement


Nos déplacements sont bien organisés et souvent sans surprise. Bien loin du premier Noël qui ressemble davantage à la vie d’un requérant d’asile. Avez-vous remarqué que c’est l’histoire d’un homme et d’une femme qui cherchent refuge? Ne sont-ils pas aussi enregistrés par les autorités civiles? Les mages ne viennent-ils pas de l’Orient pour aussi repartir plus tard chez eux? D’autres que l’on n’attendait pas à la naissance d’un Roi, ne suivent-ils pas une multitude d’anges?

Les chemins vers Noël sont différents, mais un déplacement est nécessaire. Alors que nous sommes remplis de bonnes intentions, en particulier pour les plus démunis, comment comprendre ce déplacement qu’implique Noël? Quel changement de route prendre pour vivre la véritable rencontre?

Dieu ne nous inviterait-il pas à accueillir quelque chose de concret, de joyeux et de mystérieux de nos frères et sœurs de l’asile, comme ce repas fait de différentes spécialités du monde servis par les requérants, comme ces rencontres informelles à notre permanence d’accueil? Ne serait-ce pas dans un «recevoir l’autre» plutôt que dans un «donner à l’autre» que se trouverait le chemin pour un Noël imprévu, mais fécond, comme au premier Noël?

Luc Genin, diacre et aumônier auprès des requérants d’asile, Req'EREN (Neuchâtel


 



 


HOMÉLIE DE LA MESSE DU 10 DÉCEMBRE 2017 À MAISONS-ALFORT (94)par le père Yves Combeau dans le cadre du jour du Seigneur


Attendre comme un enfant.


Quand j’étais petit, j’attendais Noël avec impatience. Et, soyons francs, je n’attendais pas Noël pour le petit Jésus. J’attendais Noël pour les cadeaux. Avec l’Avent commençait donc cette période merveilleuse faite de marrons chauds, d’odeur de sapin fraîchement coupé et de catalogues de jouets. Je pouvais passer des heures sur la page des trains électriques…


L’Avent était donc la période de l’année où j’attendais. J’attendais les cadeaux, la fête, j’attendais la joie, j’étais tendu vers ce petit matin où, avec mon frère, j’allais découvrir ce que j’espérais tant.
Maintenant que je suis à peu près adulte, je n’attends plus les cadeaux. Vous non plus, j’imagine, en tout cas vous qui participez à cette messe par la télévision, même si je devine qu’il y a quelques enfants dans cette assemblée qui sont déjà bien, bien impatients.


Ce qui m’amène à poser une question un peu naïve, disons une question d’enfant : qu’est-ce que les grandes personnes attendent de Noël ?
Frères et sœurs : nous, les grands, qu’attendons-vous de la venue du Christ ? Attendons-nous seulement quelque chose ?
En tout cas, et c’est là que je veux en venir, en tout cas les personnages de l’Évangile, eux, attendent quelque chose. C’est même une constante des personnages de l’Évangile : ils attendent quelque chose.


Ils attendent le Messie libérateur qui boutera les Romains hors d’Israël ; ils attendent la justice ; ils attendent de comprendre le sens de l’Écriture ; ils attendent d’être réhabilités parce qu’ils se savent pécheurs ; ils attendent l’amour qui comblerait leur soif ; ils attendent d’être entendus, d’être guéris, d’être consolés. Ils sont tendus vers ils ne savent quoi ni qui, mais tendus de toutes leurs forces.


C’est pour cela que tant hommes et de femmes suivent Jean le Baptiste au désert comme, plus tard, elles suivront Jésus. Ils sont assoiffés de choses diverses, mais ils ont ceci en commun : ils sont assoiffés. Ils désirent. Ils attendent.


Et nous, chrétiens, peut-être n’attendons-nous pas assez. Ou, pour être plus précis, peut-être n’osons-nous pas assez attendre.


Nous avons parfois des timidités. Surtout avec Dieu. Nous attendons l’amour de toutes nos fibres, mais nous n’osons pas l’avouer. Nous attendons le pardon, mais nous n’osons pas le demander. Nous attendons la paix dans ce monde, la consolation de nos chagrins, l’apaisement de nos angoisses ; nous attendons, avec quelle secrète inquiétude !, que nos enfants soient heureux ; nous attendons la foi, nous espérons même l’espérance, qui nous fait si souvent défaut ; mais tout cela, nous le gardons pour nous. Sous prétexte que nous sommes des grandes personnes, que nous ne sommes plus naïfs, qu’il ne faut pas trop demander.


Eh bien ! Jésus dira, plus tard, que la Promesse et le Royaume seront donnés à ceux qui ressemblent aux enfants.Non pas qu’il nous veuille infantiles. Mais parce que la Promesse et le Royaume sont donnés à ceux qui en ont soif. À ceux qui continuent d’attendre, avec impatience, que leur cœur soit conforté, apaisé, illuminé. À ceux qui n’ont pas renoncé ni à trouver la paix, ni à connaître l’amour.


On dit, et c’est vrai, que l’Avent est un temps de préparation à la venue du Seigneur. Mais avant de faire quoi que ce soit, avant de dire quoi que ce soit, il faut désirer, frères et sœurs. Désirer ce que la vie nous a promis, ce que Dieu nous a promis, et le désirer de tout notre cœur, sans crainte, comme un enfant, car plus grande sera notre attente, plus Dieu nous donnera.


Bible : comment s’habiller ? Tellou7 Décembre 2017B

On ne fait pas une course en montagne en talons hauts ni un 100 mètres nage libre en doudoune! Noël n’est pas loin, il nous faut nous habiller le coeur pour essayer d’être à l’heure. Livre d’Isaïe 40, 1-9Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu, parlez au coeur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur le double pour toutes ses fautes. Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. […]

Alors se révélera la gloire du Seigneur, et tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a parlé. » […] Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu ! » Évangile de Marc 1, 4-8Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. […] Jean était vêtu de poils de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint

Cela ne vous est-il jamais arrivé, enfant ou adulte, de devoir sortir pour une occasion, et vos parents ou votre conjoint de vous dire : « Non, mais sérieusement, tu ne vas pas y aller comme ça ? » Et, en un sens, c’est exactement ce que nous disent Isaïe et Marc en ce temps de l’Avent. « Sérieusement, vous n’allez pas aller comme ça vers Noël ? »Où va-t-on ? Au Royaume de Dieu, le rencontrer bien sûr ! Alors, nous allons tous faire un petit effort et nous pomponner un chouïa. Pour cela, à la manière de Cristina Cordula pour un « relooking » du coeur, nous avons, nous, deux prophètes : l’un, Isaïe le chef de chantier en travaux publics, que vous pouvez suivre si vous avez des velléités de raser des montagnes et construire des autoroutes ; ou Jean le Baptiste, si vous prenez l’option beaucoup plus roots style « retour au Larzac ». Isaïe annonce Jean le Baptiste. Et Jean annonce Jésus le Christ. Quel que soit votre guide, il vous indique la méthode.Tout d’abord, il s’agit de se désintoxiquer le coeur, demander pardon, mais aussi accueillir le pardon à la manière de Dieu. « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. » C’est d’abord cela les montagnes à raser : faire tomber les monceaux de péchés de nos coeurs et pouvoir avoir ainsi un coeur de chair et surtout une attitude miséricordieuse envers notre prochain. Miséricordieux ? On oublie le coeur dégoulinant de « nounoucheries » cathos et on prend sur ses épaules, sur son dos, dans ses oreilles et à bras-le-corps la peine des autres, leurs charges. Parce que ce sont nos frères.

En Dieu.Dans une même veine, et parce que nous ne sommes pas exempts de péché, nous ouvrons grands nos coeurs pour un grand nettoyage hivernal et accueillons le pardon de Dieu. C’est ce baptême de conversion donné par Jean. C’est, comme le peuple juif en exil qui a oublié son Dieu, se retrouver en tête à tête avec lui et reconnaître que, finalement, on a construit plus de montagnes entre lui et nous que nous n’en avons aplanies. Par la voix des prophètes, il nous est constamment rappelé que Dieu vient nous retrouver sur le chemin, mais que, stupides que nous sommes, nous lui créons – et nous nous créons – des obstacles. Chaque fois que nous avons idolâtré un autre dieu, chaque fois que nous avons blessé quelqu’un, chaque fois que nous avons ajouté des « taches et des défauts », comme le dit saint Paul, nous avons rajouté des cailloux et des ronces sur le chemin. Mais Dieu « prend patience » et pardonne.Enfin, ce qui peut être retenu aussi de la lecture de ces deux textes, c’est que la préparation, l’attente incluent le témoignage. À la manière d’Isaïe et de Marc, n’ayons pas peur en ce temps de l’Avent de témoigner que, pour nous, l’Avent n’est pas juste un temps pour courir les magasins et faire le sapin. Mais c’est aussi un temps pour monter en haut des montagnes et annoncer haut et fort Celui qui nous fait vivre. Annoncer haut et fort que nous croyons que, « selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice » qui nous attend et qu’avec cet Enfant venu sur terre, et baptisés dans l’Esprit, nous mettons toutes nos forces à la construction de ce Royaume, maintenant.

TELLOU
 


 

 

Une homélie du Père René Luc en Moselle le 3 décembre à la messe télévisée

Si le prophète Isaïe vous apparaissait dans un songe en vous disant : « Dieu m’envoie te dire que tu mourras à minuit un jour de décembre ». Je me demande comment vous allez vivre tous les prochaines nuits. On a demandé à un saint : « que feriez-vous si aujourd’hui, c’était le dernier jour de votre vie »? Il a répondu : « Je ne changerai rien ». C’est une sainte réponse. Moi, si je savais que je dois mourir une nuit de décembre, je ne serai pas tranquille et je veillerai toutes les nuits !

Essayons de comprendre dans un premier temps ce qu’est la période de l’avent, et dans un second point quelle est la grâce particulière que nous recevons dans cette période.

Commençons par le premier point. Si vous demandez à un enfant : qu’est-ce que l’avent? Il va sans doute vous répondre : c’est la période AVANT Noel. Et bien non, ce n’est pas du tout ça puisque avent ne s’écrit pas A-V-A-N-T mais A-V-E-N-T ! Le mot Avent vient donc de AVENEMENT, nous célébrons donc une période pour nous préparer à un avènement, à la venue de quelqu’un.

Nous ne faisons pas seulement une crèche pour préparer la célébration de l’anniversaire de Jésus à Noel, mais nous nous préparons à sa venue aujourd’hui sous trois formes : Il peut venir à nous par notre mort, il peut venir à nous par la fin du monde, et il peut venir à nous dans le quotidien de notre vie.

C’est ce troisième mode de la venue de Jésus, le renforcement de sa présence dans notre vie, qui est la grâce particulière de l’avent.
Dans cet évangile, Jésus nous donne en exemple un portier. Il nous dit que ce portier doit être vigilant, il doit bien faire son travail et ne pas être endormi si son maître rentre à l’improviste. Ce que jésus nous demande, ce n’est donc pas seulement de beaucoup veiller et prier dans cette période, mais de bien faire notre travail comme doit le faire ce portier. Tu es étudiant, étudie. Tu es chef d’entreprise, dirige comme il se doit. Tu es mère au foyer, mets-y tout ton cœur. Chacun de vous a un travail qui lui est propre et en cette période de l’avent, il faut nous y appliquer, car c’est une manière d’accueillir Jésus dans nos vies.

Imaginez que vous avez un petit ballon qu’on gonfle aux anniversaires. Vous avez soufflé dedans tout votre foi et vous avez fait un nœud. En cette période de l’avent, Jésus veut défaire le nœud, soufflez de nouveau, et vous permettre de ressentir beaucoup plus sa présence dans votre vie. Il veut que votre ballon gonfle considérablement, jusqu’à devenir immense. Rassurez- vous, il n’y pas de risque qu’il explose.

Mais par contre, d’année en année, de Noël en Noel, le ballon peut devenir tellement énorme qu’il se voit de tout le monde, et vous ne serez pas surpris si parfois on vous traite d’être un peu illuminé car votre ballon vous élèvera du sol au point d’être de moins en moins terre à terre ! C’est ainsi que l’accueil personnel de Jésus dans votre vie devient signe pour les autres !

Pour conclure, vous comprenez que tout est lié. En accueillant Jésus avec plus de puissance dans les taches de votre vie quotidienne, vous devenez prêt à voir Jésus face à face au moment de votre mort. Et vous serez aussi prêt à accueillir Jésus dans sa gloire à la fin du monde.

Alors, ça vaut vraiment le coup, veillez, appliquez-vous à vos tâches quotidiennes et gonflez vos ballons !

 


Avent : 3 décembre 1er dimanche de l'Avent

Commentaire du frèe  Dominqiue Thahn Luong      Province du Vietnam

La parole de Dieu

Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin.

Évangile selon Saint Marc chapitre 13, verset 35

Il est 4 heures du matin. Le coq chante. L’aube pointe sur les collines. Les paysans se lèvent et partent dans les rizières. Dans mon pays, très rural, le Viêt Nam, le coq est précieux, particulièrement pour les personnes âgées ; il est leur horloge vivante. Chez nous, chaque année est placée sous le patronage d’un animal. Nous sommes dans celle du coq, l’année de l’éveil et du travail assidu.
L’Évangile de ce jour nous demande de veiller, car le maître va venir – qui sait, peut-être au chant du coq ? – Mais qui est ce maître, qui est ce roi qui vient à nous ? Depuis que je suis en France, je découvre que nous avons tous des horloges, des smartphones, des alertes. Nous sommes débordés, souvent en retard, nous agissons dans l’urgence. Nous reste-t-il du temps pour veiller, pour prendre soin de notre vie spirituelle ? Du temps pour le silence, la prière, du temps pour la rencontre avec Dieu ? Quel chant va nous réveiller ? Et si ce chant était d’abord un silence, le silence absolu ? Tendons l’oreille, Dieu ne s’annonce pas forcément en fanfare. Veillons, car Dieu vient à nous.
Depuis la nuit des temps, l’homme entend la voix de Dieu « qui se promenait dans son jardin au souffle du jour »*. Il vient à nous en silence, dans le secret de nos consciences. Demeurer éveillé, ce n’est pas se priver de sommeil, mais rester en alerte sur ce qui se passe au fond de nous, laisser la place à l’inattendu de la rencontre, dans la profondeur de nos êtres. Voilà l’urgence, car si nous connaissons bien la date de notre arrivée dans ce monde, nous ignorons quand Jésus peut surgir dans notre vie. Soyons prêts.

* Livre de la Genèse, 3, 8

 


Un commentaire de Véronique Margron pour la Toussaint

Un coeur de chair
Publié le 31 octobre 2014
« Heureux ceux qui pleurent :

ils seront consolés ! »

Méditer ce texte central pour ma foi. Mais cette dernière est en guerre une fois de plus, au moins en colère, ou perdue peut-être. Rencontre avec un couple, jeune, aimant, plein d’avenir, de projets. Deux fois le malheur total est venu faucher la vie. Dans la même année, ils ont perdu leurs deux bébés : l’existence semble n’être plus qu’une béance. Alors oui, j’ai du mal à croire que sont heureux ceux qui pleurent.

Je suis plutôt comme mon frère Job criant sa détresse et implorant son Dieu d’oser se montrer.

Pourtant ma foi est là : lire les béatitudes, croire qu’elles sont le secret de mon Dieu.

Me voilà au pied du mur. Il faut que je me décide. Qui est mon Dieu pour que mon âme puisse croire en lui en des heures si sombres comme notre monde en connaît tant, trop ? Que puis-je partager qui ne soit pas scandaleux pour qui pleure, a peur, ne peut plus regarder vers le ciel ? Quels mots auront la force de se frayer un chemin escarpé ?

Où trouver une voie sinon en revenant à l’évangile même, en demandant au Dieu de mon amour de me donner de quoi lutter tout contre ma colère et mon incompréhension, celles-là mêmes que j’éprouve envers Lui.

Jésus, assis, enseigne à tous, sur une montagne. Une montagne qui en rappelle une autre. Là où Moïse reçu, au Sinaï, les dix Paroles : « C’est moi le Seigneur ton Dieu qui t’ai sorti du pays de servitude… Tu ne te feras aucune image de moi… Tu ne tueras pas… Tu ne convoiteras pas… »

Dans les Béatitudes, pas question de commandements. Pas davantage d’un programme pour le bonheur, où d’un formulaire pour être assuré de le trouver plus tard. Ni une liste de détresses, d’échecs qui se serait métamorphosée en coups de chance. Aucune leçon de morale, ou d’héroïsme. Juste une affirmation : « Heureux », comme un appel, une vocation.

Se recentrer sur ces versets essentiels c’est doucement apercevoir, phrase après phrase, une silhouette : celle de Jésus, homme véritable, libre. Lui le pauvre, le doux, l’affligé, l’affamé, le miséricordieux, le cœur pur, l’artisan de paix, le persécuté pour la justice.

Mais ce n’est pas là un état dont il aurait hérité de sa famille. Ni une performance acquise de haute lutte volontariste. Mais une façon – primordiale – d’habiter chez soi, en soi-même. Aux jours lumineux mais aussi quand ils ressemblent à des murs où le cœur se fracasse.

Là, peut-être, se trouve le secret qui permet de croire encore en la vie, d’espérer malgré tout, de se risquer à aimer, toujours. Car le bonheur du Christ, son invitation à le partager, ne relève pas d’une opposition avec le malheur. Il peut rouvrir le temps clos par le non-sens et le découragement. Non par magie, mais par son doux et humble compagnonnage, car il a décidé de nouer sa vie à la nôtre. Jusqu’à la fin.

Alors prendre ces versets, en faire une supplication, afin que je puisse m’entendre dire, avec tant d’autres « heureux êtes-vous d’être des compagnons de Jésus… » Nous n’y trouvons aucun privilège. Mais une joie intime qui recueille la douleur, la peine, la joie, l’espérance.IMG_3138 - Version 2 À la condition de ne pas garder sa vie pour soi.

Véronique Margron op


Béatitude pour temps de crise

 

Bienheureux ceux qu i ont chois

De vivre sobrement pour partager

ou qui risquent de s'appauvrir

en investissant pour créer des emplois

car ils se comportent fraternellement 

comme des fils de Dieu

 

Bienheureux les banquiers, les commerçants, les courtiers

qui ne profitent pas de la pénurie

pour augmenter leurs gains, même de façon légale

car ils savent où est leur vrai trésor

 

Bienheureux les hommes politiques et syndicaux

Qui s'attachent à trouver des solutions réalistes au chômage

car ils vivent une fraternité étendue

 

Bienheureux serons-nous quand nous cesserons de dire :

"Si je ne tire pas profit de la situatio, un autre le fera"

Quand nous cesserons de penser :

"Quel mal y a-t-il à frauder puisque tout le monde le fait ?

Car la vie en société sera alors

une anticipation du bonheur du Royaume des Cieux.

Paul Abela



TOUSSAINT 2017


Nous voici parvenus à la fête de Toussaint. Ce jour où nous allons au cimetière déposer des fleurs sur les tombes de nos défunts veut témoigner de l’affection que nous leur portons mais réveille aussi en nous de douloureux souvenirs. Pourtant cette journée est bien plus que celle du souvenir, c’est surtout la fête de l’avenir.
La sainteté c’est, en effet, l’avenir proposé par Dieu à tous les hommes. Nous sommes tous appelés à devenir des saints. Le problème c’est que, trop souvent, nous nous faisons une fausse image de la sainteté. Nous imaginons les saints comme des êtres qui ont accompli des performances extraordinaires à coups de renoncements et de sacrifices exceptionnels.


La première chose que nous ne devons jamais oublier, c’est que Dieu seul est saint et c’est lui qui offre  à tous, le véritable bonheur.
Tous ces hommes et ces femmes qui ont été reconnus saints étaient des gens comme nous. Ils ont connu comme nous les limites de la nature humaine mais ils se sont livrés tout entiers, avec leurs qualités, leurs défauts et leurs passions au dynamisme de Dieu et à son amour infini. Leur vie a été un combat contre les forces du mal. Tous ont obtenu la récompense de leur amour et de leur fidélité.
Mais ce sont aussi les saints de la vie quotidienne : nos parents et amis très proches que Dieu a accueillis dans sa maison. Ils ont vécu l’Évangile, ils ont eut un dévouement inlassable pour les autres, sans même penser qu’ils pourraient en tirer gloire. C’est l’entrepreneur créateur d’emploi, le médecin, l’infirmière, l’humaniste sur les terrains des grands conflits, la mère de famille …. Les saints que nous fêtons aujourd’hui sont encore ceux qui auraient eu bien des raisons de désespérer de la vie mais que la foi en Christ ressuscité a soutenus, c’est, par ailleurs, cet incroyant au cœur droit qui a vécu au jour le jour l’Évangile qu’il n’avait jamais lu ni entendu. Des hommes, des femmes qui ont vécu tout simplement l’une ou l’autre des Béatitudes. Ils ont été les premiers surpris d’entendre le Seigneur leur dire : « Bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle dans les petites choses… Entre dans la joie de ton maître. »
Ce que Dieu a réalisé pour chacun d’eux, il le veut aussi pour nous. Nous partageons avec eux la même vocation. Pour y parvenir, Jésus nous montre le chemin. C’est l’Évangile de ce jour.


« Heureux les pauvres de cœur ! » Ne nous y trompons pas. Cette pauvreté dont parle Jésus n’est pas la misère. Le bonheur des pauvres de cœur dont parle Jésus, c’est tout autre chose. Et il ne concerne pas que la vie future ; il est surtout pour la vie présente : Jésus promet le bonheur immédiat à ceux qui ne sont pas pleins d’eux-mêmes mais qui sont aptes à accueillir le Royaume de Dieu. Ici la pauvreté est avant tout une disposition du cœur.


Pour comprendre toute la portée de ces béatitudes, c’est vers le Christ que nous devons nous tourner. Il est le pauvre de cœur qui attend tout de Dieu et qui choisit de lui être fidèle jusqu’au bout. Il est le doux, celui qui relève la femme adultère sans brusquer ses accusateurs. Il ne cherche pas à mettre les coupables dans l’embarras; et surtout il se réjouit quand il rencontre des gens de bonne volonté (par exemple Zachée). Il est le miséricordieux qui se penche vers les misères physiques et morales et qui cherche à les apaiser. Il est l’artisan de paix qui invite sans cesse à pardonner et qui a donné l’exemple sur la croix : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Quant à être persécuté, il suffit de lire la Passion pour s’en rendre compte : Lui le Fils de Dieu a été condamné au nom même de Dieu.


Ces béatitudes de l’Évangile sont avant tout un portrait de Jésus lui-même. Elles nous montrent le chemin pour parvenir au vrai bonheur. Accueillons-les comme un appel à nous laisser modeler par lui à son image. Et en union avec la foule immense de tous les saints du ciel et avec tous les chrétiens du monde entier, chantons notre action de grâce au Seigneur et demandons-lui de nous donner force et courage pour faire de notre vie une marche vers ce Royaume qu’il a préparé pour tous ceux et celles qui acceptent de le suivre.


Saints et Saintes de Dieu dont la vie et la mort ont crié Jésus Christ sur les routes du monde, saints et saintes de Dieu priez pour nous.
Anne Lécu


 

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