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PAQUES J'AIMERAIS

BIENTOT PAQUES ET J’AIMERAIS…

Petite méditation vagabonde à l’approche de la “Grande semaine“


Avec le début du Carême sont apparus, sur le site de nombreux diocèses de France, les photos de l’appel décisif de catéchumènes adultes qui seront baptisés dans la nuit de Pâques. Beau symbole d’un passage vers la vie. Ils sont, nous disent les chiffres, bien plus nombreux que les années précédentes qui enregistraient déjà une belle progression. Comment ne pas s’en réjouir, sincèrement ? Beaucoup veulent y voir un « signe d’espérance » trop longtemps attendu : celui d’un nouveau « nouveau Printemps » pour l’Eglise. Au risque, à la veille de la Semaine sainte, de se projeter directement dans l’Exultet pascal consolateur en imaginant faire l’économie de la Croix et du vide du Samedi saint. Comme si l’une et l’autre expériences n’étaient pas, pour l’Eglise comme pour chacun, des étapes incontournables à assumer dans la confiance ! Sauf à mythifier une sorte d’éternel retour consolateur plus proche du paganisme que de la marche au désert à la rencontre de “Celui qui vient“.
Dès lors, comment échapper au risque de se projeter trop vite dans un post-pascal rassurant, en imaginant pouvoir faire l’économie de la plongée dans le mystère de l’humaine condition ?


J’aimerais que, le dimanche des Rameaux, nous prenions la mesure de notre enthousiasme à acclamer Jésus précédant l’heure du reniement qui, alternativement jalonnent toute vie croyante. J’aimerais que les entrées triomphales « monté sur une ânesse » qui peuvent marquer certaines de nos vies de fidèles, prêtres ou princes de l’Eglise… aient toujours pour nous l’horizon inéluctabilité de la croix. César lui-même, à l’heure du Triomphe sur la via sacra, avait à son côté un esclave qui lui rappelait au creux de l’oreille : « Memento mori » souviens-toi que tu n’es qu’un homme et que tu vas mourir. Sauf que pour le chrétien l’annonce de la mort est aussi promesse de résurrection.
J’aimerais, le Jeudi saint, que nous gardions à l’esprit ce lavement des pieds qui, dans l’Evangile de Jean, est l’unique récit de la Cène. Voilà un geste où les premiers chrétiens voyaient le « sacrement du frère ». J’aimerais qu’on se souvienne qu’à l’auberge d’Emmaüs c’est à la fraction du pain rapportée par Matthieu, Marc et Luc que les disciples Le reconnurent. Il était là bien présent parmi eux, le « cœur brûlant » d’une même déploration désespérée de sa mort. Et cela suffit à en faire, pour toute leur vie, les porteurs d’une Bonne nouvelle à partager « en mémoire de Lui ».


J’aimerais qu’au jour du Vendredi saint, l’Eglise fasse aussi mémoire de tous les innocents crucifiés par elle au cours de l’Histoire et accepte l’épreuve et l’humiliation de la mort sociale que cela entraine. J’aimerais qu’on n’oublie pas qu’il est des Eglises et des humains, de par le monde, qui vivent en ce moment l’agonie de la Croix.  J’aimerais que l’on retienne que c’est au brigand qui lui demande de se « souvenir de lui » quand il sera en son Royaume – et à lui seul –  que Jésus promet son entrée, le soir-même, en Paradis, Alors même qu’au pied de la croix souffrent en silence ceux et celles qui l’ont le plus aimé : Marie sa mère, d’autres femmes de Jérusalem et “le disciple qu’il aimait“, seul rescapé de la grande débandade des apôtres apeurés.


J’aimerais qu’on n’escamote pas trop vite le vide du Samedi saint, au motif qu’on connait la fin de l’Histoire et que, Dieu merci, elle est heureuse. Qu’on se laisse envahir, pour une fois, par la totale vacuité de ces vingt-quatre heures à l’image de tant de nos vies individuelles ou collectives. Que nous imaginions cette descente de Jésus aux Enfers, Royaume des morts privé de toute vision de Dieu. Et que nous réalisions qu’il est des pays en guerre où des centaines de milliers de morts-vivants connaissent la désespérante réalité des enfers. J’aimerais que nous nous laissions précisément interroger par cette vision nouvelle de l’Enfer chrétien – au singulier – non comme lieu de châtiments éternels mais absence de Dieu pour celles et ceux qui en auraient librement fait le choix. Une manière d’opposer à l’affirmation sartrienne « l’enfer c’est les autres » l’alternative d’un enfer perçu comme absence de Dieu, qui ne peut être souffrance que pour ceux qui ont soif de Lui.


J’aimerais qu’au jour de Pâques nous sachions nous émerveiller, plus qu’en tout autre jour de l’année, de la lumière qui succède aux ténèbres. Que nous puissions y voir la préfiguration d’une éternelle clarté. J’aimerais que les baptêmes de la nuit de Pâques  nous donnent foi en la résurrection de nos propres communautés. J’aimerais qu’un au moins parmi nos évêques ait l’audace, en sa cathédrale, de confier à une femme, nouvelle Marie-Madeleine, le soin d’annoncer la Résurrection de Jésus ; qu’à l’image de ce qui se vit au chevet de l’abbatiale de Sylvanès, en Aveyron, nous ayons goût à aller dans nos cimetières annoncer aux morts qu’ils sont appelés à la vie.
J’aimerais qu’au delà du mal qui nous accable et que nous devons assumer en vérité, nous sachions retrouver des « gueules de ressuscités » dont l’absence, nous disait Nietzsche, l’empêchait de croire en Dieu et sans doute nos contemporains avec lui. Et j’aimerais que tout cela puisse se vivre, pour chacune, chacun de nous, à travers ses mots et sa sensibilité propres, dans la grande liberté des enfants de Dieu.

Horaires de messes

Dimanche 29 décembre - 10:30 Eglise Sainte-Claire de Julienrupt
Mercredi 1 janvier - 10:30 Eglise Saint-Amé de Saint-Amé
Samedi 4 janvier - 18:00 Eglise Saint-Amé de Saint-Amé
Dimanche 5 janvier - 9:00 Eglise Saint-Louis de Vecoux
Dimanche 12 janvier - 10:30 Eglise Saint-Laurent de Dommartin-les-Remiremont

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